Connaissez-vous l’importance du taux d’insemination ?

L’élevage laitier est une activité complexe, dont la performance dépend de nombreux facteurs. Nutrition, bien-être animal, reproduction, management, tout doit fonctionner de concert. Si un des facteurs n’est pas performant, il peut compromettre les autres.

Si on s’intéresse à la reproduction en particulier, on se focalise généralement sur la gestation des vaches. Plus il y aura de vaches gestantes dans un troupeau, plus il y aura de veaux par an, et plus on aura un pourcentage élevé de vaches en lactation. Cela générera un revenu plus important pour l’élevage.

Le principal indicateur d’une bonne reproduction et le taux de gestation (TG = Nombre de vaches gestantes / Nombre de vaches éligibles). Il implique directement deux autres indicateurs :

  • Le taux de conception (TC = Nombre de vaches gestantes / Nombre de vaches inséminées)
  • Le taux d’insémination (TI = Nombre de vaches inséminées / Nombre de vaches éligibles)

Taux de gestation = Taux de conception x taux d’insémination.

Voyons comment le taux d’insémination peut influencer le résultat économique de l’élevage.

QU’EST-CE QUE LE TAUX D’INSEMINATION ?
Le taux d’insémination sur une période est calculé en divisant le nombre d’insémination effectuées sur cette période par le nombre de vaches éligibles aux inséminations sur la même période.
Les vaches éligibles son toutes les vaches vêlées qui ont dépassé la période d’attente volontaire.

Quand cet indicateur est bas, c’est qu’il n’y a pas assez de vaches inséminées par rapport à celles qui sont prêtes. Cela peut avoir deux causes :

1 – Anoestrus : Les vaches ne présente pas de chaleurs. cela peut être dû à divers facteurs comme une note d’état corporel faible, des déficiences nutritionnelles, des maladies métaboliques, des problèmes post-vêlage en général, etc.

2 – Une mauvaise observation des chaleurs : Les vaches présentent des chaleurs mais nombre d’entre elles ne sont pas inséminées car elles n’ont pas été identifiées comme étant en cycle.

Un taux d’insémination bas ne permettra pas d’obtenir un taux de gestation satisfaisant.

Source: UNIFORM-Agri (SmartMilk) – PDPL

Y’A T’IL DES CONSEQUENCES SUR LE RESULTAT ECONOMIQUE ?
Pour répondre à cette question nous avons analysé les données de reproduction et de performance économique de 30 élevages laitiers au Brésil Dans la région de Zona da Mata (Etat de Minas Gerais), en partenariat avec le Dairy Farming Development Program (PDPL-UFV) sur la période juin 2020 à mai 2021. Les données de reproduction sont issues du logiciel UNIFORM-Agri (SmartMilk).

Dans ces 30 élevages, nous avons identifié 2 groupes avec les 6 meilleurs (20%) en BLEU, et les 6 moins performantes (20%) en ROUGE. (Graph. 1)

Nous avons analysé d’autres données en se basant sur ces deux échantillons.

Source: PDPL

TAUX DE GESTATION
Le premier bénéfice de l’augmentation du taux d’insémination doit être l’augmentation du taux de gestation. Cela se confirme dans cette étude. (Graph. 2)

On remarque ici que le groupe avec le meilleur taux d’insémination a gagné presque 10 points sur le taux de gestation. C’est à dire 6 à 7 gestations supplémentaires par mois dans un troupeau avec 50 femelles éligibles.

Source: PDPL

MARGE NETTE PAR LITRE DE LAIT
Cet indicateur peut être calculé en soustrayant du revenu brut de l’activité (lait et ventes d’animaux) les coûts opérationnels totaux (main-d’œuvre, alimentation, électricité, carburant, minéraux, médicament, etc.) ainsi que la valeur du travail familial et les dépréciations (bâtiment, équipements, animaux reproducteurs).

Dans notre étude, le groupe d’éleveurs qui a le meilleur TI a une marge nette supplémentaire de 0.29 R$ / Litre de lait, soit 45€ / 1000 Litres de lait (par rapport aux élevages ayant le TI le plus faible).

Graph 3 (1 R$ = 0.16 €)

Source: PDPL

RETOUR SUR CAPITAUX INVESTIS
Un des indicateurs éconmiques les plus complets est le taux de retour sur capitaux investis. Il est calculé en divisant la marge nette annuelle de l’activité par le capital social. En d’autres termes, il indique ce qui revient au propiriétaire, en pourcentage de tout ce qui a été investi.

Ici encore, les fermes qui ont le meilleur TI sont celles qui ont le meilleur taux de retour sur capitaux investis du groupe, avec une différence de plus de 16 point (Graph. 4)

Source: PDPL

COMMENT AUGMENTER LE TAUX D’INSÉMINATION ? 

Les résultats précédents montrent qu’il est important d’investir dans l’amélioration du taux d’insémination. Mais comment faire ? 

Voici les actions qui peuvent contribuer à améliorer les chiffres :

  • PREPARTUM : Une bonne préparation au vêlage permet de diminuer les problèmes infectieux et métaboliques en post-partum, ce qui affectera la fertilité des vaches.
  • BIEN-ÊTRE : Tous les facteurs qui favorisent le confort et le bien-être des vaches affecteront la reproduction, notamment la régularité des cycles et la manifestation des chaleurs.
  • IA : La synchronisation des chaleurs permet d’inséminer plus de vaches sur une période restreinte, ce qui limite les chances de manquer les chaleurs.
  • OBSERVATION DES CHALEURS : Quelque soit le type d’insémination (IA, IPE, mise au taureau), une bonne observation des chaleurs est indispensable. Les vaches qui ne sont pas gestantes à la première insémination reviendront en chaleurs, et il faut identifier ces chaleurs pour pouvoir les réinséminer. Certains outils et certaines pratiques permettent d’améliorer la qualité de l’observation.
  • MAIN D’OEUVRE : Il faut former la main d’oeuvre à l’observation des chaleurs chez les génisses et chez les vaches.
  • BÂTIMENT : Un sol irrégulier ou glissant diminue les chevauchements, rendant les chaleurs moins visibles. Il faut assez d’expace pour permettre le chevauchement au moment des chaleurs. Si le bâtiment est trop petit, les chevauchements diminueront également.
  • SANTÉ : Les problèmes d’onglons ou de boîteries diminueront les chevauchements, et donc les chances de voir les femelles en chaleurs.
  • TAUREAUX : Si les femelles sont élevées en extérieur, la présence d’un taureau (castré) augmentera les chances d’observer les chaleurs car le taureau tentera de les chevaucher plusieurs fois par jour.
  • MARQUAGE : Il est possible de “peindre” la base de la queue de l’animal, et d’observer si la peinture est effacée. Il existe également des autocollants avec une couche “à gratter” qui se collent à la base de la queue. Lors d’un chevauchement la première couche est effacée et laisse apparaître une couleur vive.
  • SYSTEMES DE MESURE DE L’ACTIVITÉ : Ces systèmes permettent de détecter les pics d’activités des femelles en chaleurs. L’éleveur est notifié instantanément, et peut ainsi identifier le moment optimal d’insémination.

CONCLUSION
Il existe des stratégies simples et peu coûteuses qui permenttent d’augmenter le taux d’insémination. Cet indicateur est  essentiel pour augmenter le nombre de gestations sur l’élevage et la rentabilité de l’activité de production laitière.

Pour améliorer la performance de reproduction, il est indispensable que les collaborateurs consignent les informations concernant la reproduction et la santé des animaux (chaleurs, IA, vêlages, métrites, etc.) dans un logiciel de gestion de troupeau comme UNIFORM. Cela permettra de suivre chaque animal individuellement, de générer des indicateurs et des tableaux d’analyse et donc de prendre les meilleurs décisions pour la rentabilité de l’élevage.

André Navarro Lobato
BS in Veterinary – Universidade Federal de Viçosa (UFV).
MSc in Ruminants Production and Nutrition – Universidade Federal de Viçosa (UFV).

Veterinarian at PDPL – Viçosa-MG/Brazil
Managing partner at Gestão Pecuária Agricultura Company
Post-Graduate Professor in Dairy Cattle at CENVA

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